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"Sardaigne:entre rite et Passion"
mardi 14 février 2012, par
Avec ses quelques 7000 nuraghes, ses 2400 domus de Janas, ses 400 tombes des géants, sa centaine de Pozzi sacri (puits sacrés), ses nombreux dolmens et menhirs, ses temples à mégaron, la Sardaigne présente sans doute le plus riche patrimoine mégalithique de la planète.
Ce monument, unique en son genre dans cet état, atteste l’antique origine de la civilisation sarde. On y constate la filiation entre des cultures néolithiques et des cultes aussi anciens que ceux de la vénérable Mésopotamie.
Mais le plus surprenant est que tous ces monuments paraissent participer d’une seule et unique grande civilisation qui aurait vu le jour aux alentours du milieu du Troisième millénaire av. J.C et se serait éteinte aux environs des premiers siècles avant l’an zéro.
La fonction liturgique de tous ces monuments ne fait plus aucun doute quand on constate leur pérennisation par la chrétienté. Mais le plus étonnant, c’est que les traditions maintenues en Sardaigne, participent encore, à qui sait les entendre de rites issus tout droit de la préhistoire, de liturgies mettant en scène la Mort et la Renaissance.
Que ce soient les processions aujourd’hui chrétiennes, mais teintées fortement d’aspects païens ou encore des Carrasegare (Carnaval), des fêtes de l’Argia, de la tradition de l’Accabadora, etc. Tout, en Sardaigne baigne dans une ambiance d’une très forte sacralité.
Les chants comme les danses ont maintenu vivantes les sources d’une spiritualité que voile les aspects dits folkloriques de l’île.
Su cantu a tenore ainsi que su cuncurdu (chants à quatre voix) renvoient non seulement au tétramorphe chrétien, mais prend sa source dans ce que l’on nomme les quatre vivants de l’antique Chaldée, et illustre ainsi l’une des plus vieille sources abordables du chant sacré.
Les danses, toutes en cercle et se déplaçant dans le sens inverses des aiguilles d’une montre, perpétuent elles aussi une origine matriarcale, attestée encore aujourd’hui en Sardaigne par l’omniprésence de sa Mère Manna (La Grande Mère.)
Les Carnavals quant à eux, paraissent venir d’un autre âge. Les processions de ces hommes vêtus de peaux de bêtes, le port des cornes, le sacrifice de l’urtzu, continuent d’évoquer les grands rites de Mort et de Résurrection que la Tradition maintient partout dans le monde. Bien des millénaires avant la Passion du Christ, la Sardaigne pratiquait déjà la Passion de l’initié qui devait mourir afin de pouvoir renaître. Pendant des dizaines de siècles, cette terre a vu la transformation des hommes en dieux. C’est sur cette terre qu’à un moment de l’histoire de l’humanité, les dieux firent des hommes à leur image.
Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, la Sardaigne mérite d’être sortie de cette pénombre dans laquelle la maintient la science officielle, sans doute plus par incapacité à expliquer les mystères, que par volonté de cacher.
L’île, présente au monde contemporain un inestimable patrimoine, dont l’humanité n’a pas encore apprécié à sa juste valeur, la richesse comme la profondeur. Ici sans doute, plus qu’ailleurs, s’expriment dans un état proche de l’Originel, les sources mêmes de la Tradition ; de cette Tradition qui depuis l’aube des jours continue de faire perdurer le message de la dimension divine de l’homme.
Notre modernité, qui erre sur des voies aux valeurs déliquescentes, aurait bien des enseignements à recevoir de cette mystérieuse Civilisation nuragique.
ANGE DUINO
Auteur du livre "L’eternel rire des Dieux"
aux editions SIGNATURA