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A Argenteuil l’exposition "Les gènes de l’Antifascisme"
organisée par les Association Fratellanza Reggiana, Emilia-Romagna, en collaboration avec les Jardins numériques et Eutopia (Reggio Emilia)
jeudi 20 février 2014, par
Presentée le 25 janvier à l’Atelier Bligny (Reggio Emilia), l’exposition “Partisans et Résistants : les gènes de l’antifascismo”, résultat de plus d’un an de collette de témoignages en France et en Belgique, sera présentée à Argenteuil le 22 février, à l’occasion du 70e anniversarie de la mort de Rino della Negra. Ensuite elle sera à Seraing (Belgique) du 25 avril au 8 mai, d’autres dates sont prévues en France.
Le projet, approuvé et financé par le Conseil des emiliano-romagnols dans le monde, a impliqué les Associations Fratellanza Reggiana de Paris (qui a porté le projet), Emilie-Romagne de Paris et de Liège mais aussi le Laboratorio di storia delle migrazioni de l’Université de Modena et Reggio Emilia, l’ANPI Paris et les Associations Jardins Numériques (Paris) e Leonardo Da Vinci (Liège).
La Résistance à/de l’étranger : un rôle à ne pas sous-estimer
Si beaucoup a été fait en termes de recherche historique sur la Résistance dans chaque pays, le rôle des migrants dans une période historique qui constitue le fondement de la démocratie moderne a été jusqu’ici sous-estimé. C’est cette lacune que le projet « Les gènes de l’antifascisme » a voulu commencer à combler, à travers la collecte de témoignages – sous forme audio, vidéo et photo – de partisans et résistants qui ont œuvré autour de l’Association Fratellanza reggiana d’Argenteuil et dans la région de Liège (Wallonie) et Genk (Limbourg) en Belgique. La recherche s’est concentrée sur des personnes qui ont vécu en première ligne ou en arrière-garde la Résistance à l’étranger et sur leurs descendants (enfants et petits-enfants) pour comprendre en quoi consiste l’héritage intellectuel et éthique laissé aux générations suivantes. Le fait d’avoir eu un parent ou un grands-parents antifasciste a-t-il laissé une trace dans notre manière de penser et de concevoir la société ?
En tout, nous avons interviewé 20 personnes, équitablement partagés entre la France et la Belgique, des dizaines d’heures d’enregistrement réunies pour le moment en une vingtaine de « portraits », parfois croisés, par la réalisatrice Chiara Zappalà et quelques centaines de photos de Veronica Mecchia, dont une quarantaine imprimées pour cette première exposition. Les interviews, en concertation avec le comité scientifique présidé par Antonio Canovi, ont été menées par les présidentes des associations emiliano-romagnoles (Simone Iemmi Cheneau, de Fratellanza reggiana, qui fait aussi partie des témoins, et Patrizia Molteni, de l’Association Emilie-Romagne) ou par un jeune historien Valerio Timperi, vice-président de l’ANPI (Association Nationale des Partisans d’Italie) de Paris.
Récits de lutte
Dès le départ, nous avons senti un besoin de privilégier les récits et de les relier aux images. Veronica Mecchia et Chiara Zappalà, armées, respectivement, d’appareil photo et de caméra, nous ont aidé. Les premiers résultats sont visibles dans ce site qui, nous l’espérons, va s’enrichir d’autres récits et d’autres images.
Veronica Mecchia et Chiara Zappalà se sont révélées discrètes mais attentives à la personne qu’elles avaient en face d’elles. Les photos, prises en argentique (pas en numérique) ne sont pas de gros plans et sont imprimé dans un format délibérément petit pour que le spectateur ait la démarche de s’approcher de la photo et donc du sujet. Veronica fixe les personnages pendant qu’ils parlent, qu’ils montrent des photos ou indiquent des objets ou des lieux, autrement dit elle saisit dans une image fixe les récits, les gestes et les expressions de ce récit. La même chose pour Chiara Zappalà, qui a filmé souvent en caméra fixe, mais tenant compte des changements de lumière (très belle, dans ce sens, l’interview croisée de Gaby et Ines), des moments de tristesse, parfois de larmes, et de ceux de fierté. Des images claires et nettes que la réalisatrice fait dialoguer entre elles au montage, (Ines et Gaby unie par Rino della Negra, un des 23 fusillés de l’Affiche rouge, Mirella Ugolini e Giuliana Castellani autour de Gina Pifferi, grande résistante de Reggio Emilia, et autour de la Fratellanza d’Argenteuil).
L’Histoire, les Histoires
La lecture « historique », qui va croiser les récits et les événements, est encore à faire, justement parce que ce qui nous intéressait le plus était le devenir du récit et de la mémoire, peu importe si les lieux, les dates ou des morceau entiers de l’histoire ont été revues et corrigés a posteriori, ce qui comptait est le récit et sa valeur « de parabole », de message éthique et moral.
Les lieux de la Résistance en dehors de l’Italie
Les lieux, aussi, ont été choisis pour restituer ce regard « spatial » (en plus que « temporal » de la mémoire partisane migrante : les intérieurs et les extérieurs des maisons (dont certains identiques à ceux qu’ils avaient quitté en Italie, comme l’atelier du père de Simone Cheneau), mais aussi les lieux où ils se retrouvaient, comme le local des Garibaldiens de Paris, à quelques mètres d’où Gina Pifferi habitait, le quartier Mazagran à Argenteuil ; ou encore des lieux « symboliques » : les “terrils” en Belgique, des sortes des montagnes de poussière noir créées par les mines où les italiens ont travaillé, filmées par Chiara Zappalà, ou la gare de triage de Drancy, d’où partaient les trains vers les camps de concertation allemands.