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Lecture/Spectacle Monsieur Goldoni
lundi 3 juillet 2017, par
Dans le cadre de la "Culturestivale de CriBeau", Les Ateliers de Cribeau est heureux de vous inviter à la lecture/spectacle "Monsieur Goldoni" de Pietro Favari, avec les comédiens Andrea De Luca, Serge Djen, Bruno La Brasca et Audrey Stupovski.
La lecture aura lieu le mercredi 5 juillet à 19h, dans la Salle de Fêtes de la Mairie du 12e arrondissement, en présence de la Maire, Mme Catherine Baratti-Elbaz.
Franco Gervasio, qui a fait la mise en scène de la pièce au Théâtre Goldoni de Venise, dans le cadre de la Biennale 2007, sera aussi présent.
Nous ne savons pas ce qu’ils se sont dit, nous ne pouvons que l’imaginer...
Le spectacle entend évoquer les rencontres de Goldoni pendant ses années parisiennes– dont il se souvient de manière fugace dans ses Mémoires – avec d’illustres personnages comme Diderot, Voltaire, Jean-Jacques Rousseau, Madame Clotilde (sœur de Louis XVI et promise au prince du Piémont). Dans l’année littéraire, Diderot avait été accusé par Fréron d’avoir copié Il vero amico de Goldoni dans sa comédie le Fils naturel et il n’avait pas du tout apprécié ; avec un certain mépris il avait qualifié le dramaturge, objet du plagiat présumé, “d’auteur de farces”. Goldoni fit tout son possible pour faire la connaissance de son imitateur et y réussit. Leur rencontre est relatée comme une élégante passe d’armes verbale, sur le thème de l’inspiration littéraire et de la récurrence de structures et de situations narratives, pendant laquelle la bonhomie notoire de Goldoni met en difficulté puis conquiert à la fin son adversaire mal disposé à son égard.
Goldoni était un admirateur de Voltaire, “l’homme du siècle”, comme il l’appelait. Il réussit à le rencontrer et à lui rendre hommage avant que celui-ci ne meure. Nous ne savons pas ce qu’ils se dirent, mais nous pouvons imaginer que l’auteur de Candide s’est gentiment moqué du doux optimisme distillé dans les comédies goldoniennes.
Malgré les dons de diplomate de Goldoni, capable de dissimuler ses sentiments véritables et d’avaler avec un détachement élégant les couleuvres royales, on comprend, en lisant entre les lignes les Mémoires, qu’à la Cour de Versailles – où il était chargé d’enseigner l’italien à la famille royale – l’Avocat se sentait traité bien en deçà de ses mérites. Il devait enseigner quelques rudiments de langue italienne à la sœur du roi, Clotilde, future épouse du prince du Piémont, mais celle-ci préférait à l’étude le choix de toilettes, de bijoux, d’étoffes et de portraits ; et le maître, résigné, devait assister et participer à ces cérémonies. Ce qui lui donnait l’occasion d’évoquer au théâtre les usages et les modes de la France à la veille de la révolution. A cette occasion Goldoni devait aussi souffrir en personne de la sourde lutte de classe qui se jouait entre l’aristocratie et la bourgeoisie et qu’il avait si souvent représentée dans ses comédies.
Un ton de comédie – ou de farce, comme devait insinuer malignement Diderot – caractérise la rencontre avec Rousseau et sa femme. Goldoni les dépeint comme deux “rustauds” qui auraient pu avoir leur place dans certaines de ses comédies. Il aurait voulu lire à l’auteur de l’Emile son Bourru bienfaisant, un grand succès (le seul à vrai dire) dans les théâtres parisiens, mais il y renonça, par crainte d’offenser le genevois, qui aurait pu se croire le modèle du bourru. Le texte imagine que cette lecture a eu réellement lieu, au milieu des disputes du couple, et que le maître de maison s’est effectivement mis en colère, persuadé que l’italien se moquait de lui. D’où il s’ensuit une brillante comédie légère.
(Pietro Favari)